Mesures et analyses des rejets

Mesures des rejets des centrales de Lafenasse et Réalmont

Mise en place d'un "plan de surveillance" par les services de la préfecture

En réponse aux nombreuses plaintes des riverains au sujet des nuisances générées par la centrale d’enrobés (odeurs, fumées…) les services de la préfecture ont mis en place un « plan de surveillance » en 2024.

Trois épisodes dans ce plan de surveillance :

– Avril 2024 : mesures des rejets réalisées en sortie de cheminée par l’APAVE
– Juillet 2024 : mesure de 6 substances chimiques par des systèmes de mesure passifs (tubes Radiello) aux environs de la centrale par l’INERIS
– Mars 2025 : même type de campagne de mesure qu’en juillet 2024 (INERIS)

Dans un communiqué de presse du 23 octobre 2024, la préfecture affirme qu’aucun risque sanitaire n’a été identifié lors de la première campagne.

L’examen des documents écrits fournis par la préfecture permet d’apporter une tout autre lecture des résultats :

les mesures réalisées en avril 2024 en sortie de cheminée, montrant des taux de rejets très importants n’ont pas été prises en considération ;

– la méthode de prélèvement d’air par tubes passifs est présentée dans un guide publié par l’INERIS comme souffrant « d’une incertitude élevée » ;

la température des échantillons à l’arrivée au laboratoire d’analyse était de 23,7°c au lieu des 5°c requis (dans ce cas, le fabricant des tubes déclare ne pas garantir les résultats et préconise de recommencer les prélèvements, ce qui n’a pas été fait) ;

– durant la dernière semaine de la première campagne de mesure (qui a duré 4 semaines), une vingtaine de riverains a signalé de fortes odeurs….qui n’ont pas été captées par le système de mesure par tubes passifs mis en place.

Sans surprise, la deuxième campagne de mesures, réalisée dans les mêmes conditions, a permis aux services de la préfecture d’émettre un communiqué de presse le 12 septembre 2025 concluant « qu’au regard des polluants surveillés, la centrale d’enrobage n’a pas d’impact sanitaire et qu’il n’est pas envisagé, à ce stade, de réunir l’instance de suivi dans les prochains mois ».

Les mesures en sortie de cheminée

Les résultats de la première partie du plan de surveillance, qui donnaient les valeurs des rejets atmosphériques en sortie de cheminée, n’ont jamais été évoqués dans les communiqués de presse de la préfecture.

Pourtant, l’analyse de ces résultats de mesures présente une tout autre réalité.

Que ce soit pour la centrale de Lafenasse, qui a fait l’objet de ce plan de surveillance, ou pour celle de Réalmont, les valeurs de rejet de plusieurs composants, dont certains sont classés comme « spécialement dangereux » se situent bien au dessus des seuils imposés par la réglementation actuelle. (voir tableau ci-dessous)

Alors pourquoi ces centrales sont-elles toujours en activité malgré ce constat alarmant ?

Parce que l’exploitant (consortium Eiffage, Eurovia, Spie Batignolles) refuse de se conformer à la réglementation la plus récente et préfère rester sous le régime beaucoup moins exigeant des arrêtés préfectoraux datant de 1997 pour la centrale de Lafenasse, et de 2001 pour celle de Réalmont.

Ce refus de l’exploitant est-il une fatalité ?

Non, car ces deux arrêtés préfectoraux stipulent, dans leur article 6, que « l’Administration se réserve le droit de fixer ultérieurement toutes nouvelles prescriptions que le fonctionnement ou la transformation de cet établissement rendraient nécessaires dans l’intérêt de la santé, de la sécurité ou de la salubrité publique ».

En juin 2025, 70 familles de riverains de la centrale de Lafenasse ont écrit au préfet du Tarn afin qu’il agisse en ce sens.