Montredon-Labessonnié. Tarn enrobés : une étude lancée pour mesurer l’impact
La Dépêche - Claude Hémon Huet - 28 juillet 2024
A Terre-de-Bancalié, des riverains dénoncent des pollutions et des nuisances depuis plusieurs années qui seraient liées à la centrale « Tarn enrobés ».
L’association « Au service du vivant », basée à Montredon-Labessonnié, a fait appel au CNRS pour lancer une étude scientifique pluridisciplinaire qui va durer 18 mois, afin d’étudier la pollution présumée engendrée par l’usine de Lafenasse (la plus ancienne des usines d’enrobés du Tarn). Ainsi « les citoyens vont se doter d’outils pour analyser ce qu’ils subissent », en parallèle du « plan de surveillance de la préfecture ». Associant chercheurs, acteurs du territoire (citoyens, élus, représentants de l’administration) et Institut Ecocitoyen pour la Connaissance des Pollutions de Fos-sur-Mer, cette étude s’appuie sur des pratiques de science participative.
La première étape a été l’installation d’un anémomètre, qui mesure la vitesse du vent et indique sa direction, sur le toit d’une maison située à quelques centaines de mètres de l’usine. En croisant « les données du vent », recueillies en temps réel et accessibles à tous, avec le ressenti et les symptômes notés sur un formulaire par les riverains (odeurs, fumées, gouttelettes noires, nausées, maux de tête, irritations de la gorge, gêne respiratoire…), « on pourra déterminer si ça correspond bien à la direction de l’usine », explique Julien Dron, responsable scientifique de l’institut écocitoyen de Fos-sur-Mer. Le programme se poursuivra avec trois approches complémentaires : des analyses sur les lichens et sur les légumes des potagers, afin de mesurer la qualité de l’air et l’impact éventuel des émissions atmosphériques de la centrale sur la contamination des jardins ; une enquête, par des sociologues de l’Université de Toulouse, auprès des habitants et élus du territoire afin de comprendre les raisons et les enjeux de la mobilisation en cours contre la centrale existante et le projet de nouvelle centrale ; et des anthropologues de l’Université de Toulouse étudieront comment les citoyens vivent au quotidien la situation et comment leurs pratiques se modifient. Les résultats seront portés à la connaissance de tous.
Daniel Coutarel, coprésident de l’association « Au service du vivant », attend de cette étude « des indications par rapport aux problématiques de pollution, par rapport à la circulation des camions, mais aussi un diagnostic du territoire par rapport au bien vivre, à la qualité des légumes que l’on plante dans nos jardins familiaux ». « L’idée, c’est de faire en sorte que les citoyens, les élus, et je l’espère, les services de l’État s’interrogent sur l’habitabilité de ce territoire », explique Vanessa Léa, chargée de recherches au CNRS.
* l’Association loi 1901 Au Service du Vivant a pour but de contribuer au bien-être des humains, de la faune et à la préservation de l’environnement.
A ce titre elle apporte un soutien logistique aux collectifs de citoyens et citoyennes œuvrant dans ce domaine, tel que Stop Enrobé 81.
Plus d’information sur l’association : asdv81.fr
Site de l’institut Eco-citoyen : https://www.institut-ecocitoyen.fr/index.html
Crédits photo : Association Au Service du Vivant