Une association poursuit Tarn enrobés pour pollution
La Dépêche du Midi - 17 décembre 2023
Lʼassociation Union pour la protection de la nature et de lʼenvironnement du Tarn, a assigné lʼusine Tarn enrobés à comparaître le 9 janvier, au tribunal de Castres. Elle accuse lʼentreprise de polluer le Dadou depuis des années.
Chez le collectif Stop enrobé 81, on ne lâche rien. Après avoir multiplié les actions contre l’usine d’enrobé de Lafenasse, sur la commune de Terre Bancalié, pour mettre en exergue des dégradations atmosphériques pour les riverains, c’est aujourd’hui la pollution de la rivière Dadou, qu’elle veut mettre en lumière.
« On a pris connaissance d’un rapport de la Direction régionale de l’Environnement, de l’aménagement et du logement (Dréal) de février 2023, sur les analyses de l’eau du Dadou à proximité de l’usine. Le taux de matière en
suspension était plus du double du seuil réglementaire. Preuve que Tarn enrobés pollue la rivière depuis des années », clame le collectif. « Ces matières en suspension doivent être traitées par un séparateur d’hydrocarbure
avant son rejet. On connaît leur dangerosité sur les poissons et les plantes aquatiques. » Ce qui fâche un peu plus le collectif, « c’est que la DREAL n’ait pas
sanctionné l’entreprise, lui demandant juste de se remettre en conformité avec la loi. « C’est comme un automobiliste qui roulerait depuis des années sans assurance et aurait causé des accidents. Quand on découvre son infraction, il
lui est simplement demandé de se mettre en conformité avec la loi, en souscrivant une assurance. C’est fou. »
6 000 euros demandés pour le préjudice
Face à cette situation, le collectif, via l’association Union de la protection de la nature et de l’environnement a assigné l’entreprise devant le tribunal de Castres, le 9 janvier. « Nous avons voulu trouver un accord à l’amiable, rejeté par Tarn enrobés. » L’association, via son avocat, maître Faro, demande une somme de 6 000 euros pour préjudice. « En face, nous avons appris que l’entreprise a demandé les services de l’un des plus grands cabinets de Paris, spécialisé dans l’environnement. Preuve qu’elle prend l’affaire très au sérieux.»
La mise en demeure du préfet après l’inspection de la DREAL
Du côté de la DREAL, son directeur Frédéric Berly confirme bien l’inspection de ses services concernant les matières en suspension dans l’usine de Lafenasse. « Nous avons constaté la non-conformité et un dépassement du seuil réglementaire qui doit être effectif depuis un peu moins de deux ans. À partir de là, c’est à la préfecture de choisir la sanction », reconnaît le directeur, qui rappelle que la direction de la DREAL a aussi envoyé une information au procureur. « Il a été décidé une mise en demeure de l’entreprise pour être aux normes, affirme la préfecture. Les travaux ont pris un peu de retard relatifs à des problèmes techniques. Mais depuis septembre, tout est en ordre. Mais, nous allons renforcer la surveillance de ce site en 2024. »
Un nouveau bras de fer entre le collectif et l’usine est en cours. On peut penser que ce n’est pas le dernier.
Vincent Vidal