Nouvelle centrale d’enrobés en Centre Tarn : malgré l’avis défavorable du conseil municipal, les industriels poursuivent leur projet

Une réunion de l’instance de suivi de la centrale d’enrobés de Lafenasse, centrale exploitée par la société Tarn Enrobés (Eiffage, Eurovia, Spie Batignolles Malet), a été organisée en Préfecture lundi 21 octobre 2024.

La réunion était consacrée aux résultats de la première phase du plan de surveillance de cette centrale, plan mis en place par les services de la Préfecture du Tarn à la suite des nombreuses plaintes de riverains en 2023 (odeurs nauséabondes, fumées invasives, irritations de la gorge, maux de tête, dépôts noirâtres sur le mobilier de jardin et les rebords de fenêtres). Les documents relatifs à cette première phase du plan de surveillance doivent prochainement être transmis au collectif, qui en rendra compte dans un communiqué ultérieur.

Lors de la réunion, la direction de la société Tarn Enrobés, interrogée sur le projet de nouvelle centrale d’enrobés (en remplacement de l’actuelle), a indiqué que les discussions se poursuivaient avec la société des Carrières de Peyrebrune/Carrières Malet pour l’installation de cette nouvelle centrale dans l’enceinte des carrières de Peyrebrune, à quelques centaines de mètres de la centrale actuelle.

Ces discussions n’ont pas encore abouti, a précisé la direction de Tarn Enrobés, en raison du « chantage » exercé par Carrières Malet, qui, adossée à un grand groupe national de travaux publics (Colas), laisse planer la menace du recours à un autre exploitant si ses exigences économiques ne sont pas satisfaites par Tarn Enrobés.

L’annonce de la poursuite du projet d’installation de la nouvelle centrale a suscité la stupéfaction.

En juin 2024, la quasi totalité des habitants de Lafenasse adressaient une longue lettre argumentée au conseil municipal de Montredon-Labessonnié pour dire les raisons de leur opposition à ce projet de nouvelle centrale d’enrobés.

Le 12 juillet 2024, le conseil municipal de Montredon-Labessonnié, votant à bulletin secret, se prononçait, à une large majorité (11 voix contre 6), pour rendre un avis défavorable à la demande de la société des Carrières de Peyrebrune/Carrières Malet concernant le projet d’installation d’une centrale d’enrobés dans l’enceinte des carrières.

Cet avis du conseil municipal, quoique consultatif et non contraignant, aurait dû mettre un terme au projet. À cet égard, le Préfet du Tarn, par la voix de son représentant, n’a eu de cesse depuis un an, à chaque réunion concernant la centrale d’enrobés, de rappeler à quel point la voix des élus importe et doit être prise en compte. Au cours de la réunion du lundi 21 octobre, le représentant du Préfet a ainsi rappelé que « ceux qui sont légitimes ce sont les élus » parce qu’ils sont « oints de l’huile sainte du suffrage universel » (sic). Le rôle des services de l’État, a-t-il ajouté, est d’être auprès des élus et toujours en soutien.

Manifestement, les deux groupes industriels qui discutent aujourd’hui du projet de nouvelle centrale d’enrobés ne prêtent aucune attention aux diverses voix qui s’expriment. Que ces deux groupes industriels veuillent faire prévaloir leurs intérêts particuliers à n’importe quel prix n’est pas en soi une contravention à la lettre de la loi. Mais c’est, chose bien plus inquiétante encore, une atteinte à l’esprit de la République.

Les membres du collectif Stop Enrobé 81